Cela ne surprendra certainement personne : le Français Langue Étrangère est enseigné en majorité par des femmes. Je n’ai malheureusement pas trouvé de chiffres, mais je pense nous avons tous observé que les professeurs de FLE sont la plupart du temps des professeures. Faisant moi-même partie de celles-ci, je voudrais aborder un sujet qui me tient à cœur, non seulement en tant que femme mais également en tant que féministe : la visibilité des femmes exerçant cette profession. Là non plus, je n’ai pas de chiffres précis, mais il me semble que les professeurs de FLE visibles sur le Net sont, eux, en majorité des hommes… Qu’il s’agisse de blogs, de chaînes YouTube ou de sites d’entreprises, les hommes sont bien en vue sur la Toile alors qu’ils le sont beaucoup moins sur le terrain. Comment cela se fait-il ?
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Jusqu’ici, je me contentais de rouspéter devant mon ordinateur chaque fois que je voyais des émissions télévisées avec pour invités une énorme majorité d’hommes, que ce soit pour des interviews, à titre d’expert, etc. Mais je dois dire que depuis que j’ai ouvert mon blog et débuté mes propres interviews, d’abord sous forme de podcasts puis de vidéos, j’ai quelque peu révisé mes vues sur la question. En effet, je rencontre moi-même de grandes difficultés à trouver des femmes prêtes à se soumettre à l’exercice.
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L’ambition de mettre les femmes en avant
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Pourtant, je me suis efforcée autant que possible d’avoir des femmes en position d’expertes. J’ai d’ailleurs réalisé une interview de Christine Moussot, coach vocal aidant les femmes à trouver leur voix, dans le but de les soutenir dans la prise de la parole (voir ici : La voix du professeur de FLE). Je cherche en effet à équilibrer mes intervenants, de manière à avoir un pourcentage représentatif de la profession… mais comme vous pouvez vous en apercevoir vous-même en jetant un coup d’œil aux derniers podcasts, j’ai finalement dû me tourner vers les hommes afin de garder le rythme d’une interview tous les 15 jours. Et cela, malgré la très grande féminisation de la profession que je vise. En fait, je me heurte à plusieurs problèmes…
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La difficulté de trouver la perle rare prête à répondre aux questions
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D’abord, comme j’en ai déjà fait la remarque plus haut, les femmes sont moins visibles. Il est donc déjà plus difficile de trouver des femmes susceptibles d’être interviewées que des hommes. Ensuite, et il s’agit là d’un engrenage, les femmes dénichées malgré tout refusent très souvent, reportent, hésitent… Et parce qu’elles refusent, elles restent moins visibles !
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Bref, il n’est pas seulement plus difficile de les trouver, il est également beaucoup plus difficile d’obtenir des interviews avec elles… Le manque de femmes sur les plateaux télé ne relève donc pas uniquement de la responsabilité des animateurs, mais aussi des femmes elles-mêmes, qui trouvent souvent une bonne excuse pour refuser ou repousser une interview. C’est pourquoi il m’a semblé indispensable mettre les pieds dans le plat !
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Un peu de cran, Mesdames !
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Bien sûr, il arrive effectivement qu’il y ait une bonne raison pour refuser (ou simplement repousser) une interview. Mais mon mari lui-même m’a déjà confirmé, face à ma perplexité : « Un homme n’aurait jamais reporté pour cette raison ! ». Et je suis bien d’accord avec lui. D’où ce petit « coup de gueule » que j’adresse aux femmes en général, et a mes collègues en particulier : bougez-vous un peu !
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Si nous voulons atteindre la parité et l’égalité, cela suppose aussi de prendre nos responsabilités, de nous prendre en main et d’agir pour y parvenir. Ainsi, mes chères collègues, pourquoi n’entreprenez-vous pas davantage ? Pourquoi n’essayez-vous pas de rendre visible le travail merveilleux que vous faites, à l’exemple de Céline Alvarez ? Personnellement, je serais ravie de vous interviewer afin de faire profiter les jeunes (et moins jeunes) profs de votre savoir-faire ! Il faut que le monde vous voie !