Bilan de mon séjour estival en Italie

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Bilan de mon séjour estival en Italie

 

Mon séjour en Italie

 

C’est l’heure des bilans sur mon blog ! Depuis longtemps, je voulais publier celui que j’ai tiré de mon séjour linguistique en Italie. Le voici enfin ! Bien sûr, je vous parle des leçons que j’en ai tiré pour mon enseignement.

 

Tout d’abord, pourquoi est-ce que je fais un tel séjour ? Eh bien, pour plusieurs raisons.

 

Raisons du voyage

 

D’abord, je voulais me remettre dans la peau de mes apprenants. Cela fait longtemps que je n’ai pas appris de nouvelle langue. La dernière langue que j’ai apprise sérieusement, c’était l’espagnol, en 2006, alors, ça comme à dater, cela fait déjà plus dix ans… Or, il était important pour moi de me rappeler les difficultés auxquelles on est confronté quand on apprend, afin de mieux comprendre mes apprenants et d’être aussi plus patiente à leur égard. De plus, les technologies ont beaucoup évolué depuis une dizaine d’années et apprendre une langue de nos jours est une expérience différente par rapport à il y a dix ans. C’était l’occasion pour moi de tester certains outils et de me faire une idée sur leur utilité.

 

Ensuite, je m’intéresse beaucoup à l’intercompréhension entre langues latines et aux méthodes didactiques ayant une approche pluri-langues. Approfondir mes connaissances de l’italien me permet de mieux appréhender les différences entre comprendre (car je comprends plutôt bien l’italien grâce à l’intercompréhension, surtout à l’écrit) et produire, et comment passer de l’un à l’autre de manière efficace.

 

Enfin, cela me permet de voir comment des collègues enseignants de langue travaillent, et éventuellement d’enrichir mon portfolio d’activités.

 

Ce que j’ai appris

 

Maintenant que je vous ai présenté les raisons qui m’ont poussée à partir, voyons ce que j’ai pu apprendre sur chacun de ces trois points.

 

Exemples de cours

 

Je vais commencer par le dernier : en quoi ai-je pu enrichir mon portfolio d’activité et découvrir d’autres méthodes didactiques ? Honnêtement, je dois dire que mon séjour a plutôt été une déception sur ce plan. Les méthodes utilisées par les professeurs de l’école étaient assez archaïques. Le cours était divisé en deux périodes : expression orale et grammaire.

 

La grammaire était expliquée de manière très traditionnelle par le professeur, parfois sans même un document déclencheur, comme dans le cas des mots de liaison, dont le sens était expliqué un à un. Puis, nous devions faire des exercices ou produire des phrases utilisant le point de grammaire étudié. Bref, rien de folichon.

 

La partie d’expression orale, eh bien… C’était le professeur qui parlait le plus ! Sauf dans un cas, mais qui m’a tout autant choquée. Le professeur a tout simplement choisi un élève, et nous avons tous dû tour à tour lui poser des questions. Inutile de dire que le temps de parole n’était pas équitablement réparti.

 

Enfin, le cadre européen commun de référence n’était pas appliqué dans cette école, dont les niveaux s’intitulaient 1, 2, 3 etc.

Bref, je dois dire que j’ai plutôt vu ce qu’il ne fallait pas faire que de bons exemples que je puisse adapter dans ma classe de français. Cela dit, cela constitue certainement également une expérience enrichissante.

 

L’intercompréhension

 

L’intercompréhension, un phénomène observé par un linguiste français, Jules Ronjat, entre les dialectes provençaux : les locuteurs se comprenaient sans parler pour autant le dialecte de l’autre. L’intercompréhension est donc un sujet passionnant : en la développant, nous pourrions tous nous comprendre dans l’Union Européenne tout en parlant notre langue maternelle…

Pour cela, il faudrait bien sûr développer cette compétence, d’abord au sein d’une famille de langues, comme les langues latines, puis vers une autre famille. Avec seulement les langues latines et germaniques, 80% de la population européenne pourrait effectivement se comprendre.

Comme je souhaite développer un cours hybride sur le sujet, je suis donc partie en Italie approfondir mes connaissances de la langue. Et effectivement, très rapidement, j’ai tout compris. Il y a trois aspects très importants pour y parvenir :

  • Être tolérant si on ne comprend pas tout: 80%, c’est suffisant !
  • S’exercer en se plongeant dans la langue par le biais des podcasts, des séries ou des livres audio (j’ai beaucoup aimé ces possibilités offertes par les médias modernes).
  • Il faut apprendre le vocabulaire courant, qui diffère beaucoup d’une langue à l’autre (mais cela représente peu de mots).

Bref, me voilà définitivement mieux équipée pour alimenter mon futur cours !

 

Apprendre une langue

 

Me replonger dans l’apprentissage d’une langue m’a permis de tester les applications disponibles. Vous avez déjà pu lire ici ce que j’ai pensé de l’application Duolingo. C’est la meilleure application que j’ai trouvée, mais même ainsi, ce n’est donc pas suffisant pour apprendre une langue !

 

J’ai pu aussi me remémorer les difficultés posées par l’expression orale. En particulier pour un.e Français.e, comprendre l’italien est facile (cf ci-dessus : l’intercompréhension), mais lorsqu’il s’agit de parler, on est rapidement frustré : on ne retrouve pas les mots qu’on avait pourtant compris sans problème ! C’est difficile à gérer. Il est également difficile de retrouver la bonne forme du verbe assez rapidement pour construire sa phrase. J’aborde d’ailleurs ce phénomène dans mon billet Passez du passif à l’actif !.

 

Je me suis demandée pourquoi je n’avais pas été capable de parler aussi rapidement l’italien que l’espagnol. En Espagne, j’étais dans une famille d’accueil, avec une autre apprenante qui avait déjà un très bon niveau d’espagnol. Au début, nous avons parlé anglais, mais dès que je connaissais un mot en espagnol, je l’utilisais dans cette langue. J’ai très vite été capable de faire des phrases, et, avec le recul, je constate que je dois donc beaucoup à cette camarade, qui m’a donné l’occasion de pratiquer. Bien sûr, il s’agissait de conditions idéales, mais cela montre l’importance de partenaires : soit des partenaires d’apprentissage, avec lesquels vous convenez d’utiliser la langue que vous souhaitez apprendre (peu importe les erreurs, il s’agit simplement de s’exercer, comme pour la gymnastique 😉 !) ou vous vous trouvez un partenaire de tandem, d’échange. Mais avoir un interlocuteur est primordial !

 

Je pensais aussi que je mélangerais moins les langues. Beaucoup de mes étudiants me disent qu’ils ne veulent pas suivre des cours de français et d’espagnol en même temps, et dans une certaine mesure, je dois avouer que leur choix est finalement compréhensible : même si la pratique d’une de ces deux langues devrait beaucoup aider dans l’apprentissage de l’autre, il est sans doute effectivement préférable de différer leur apprentissage dans le temps. J’avais effectivement pas mal de problèmes de mélange, au moins au début, alors que je parle déjà plutôt bien l’espagnol.

 

Apprendre une langue demande aussi beaucoup de travail. S’immerger dans la langue ne suffit pas, il faut activement apprendre le vocabulaire et les conjugaisons. Et pour cela, il faut faire des exercices, des exercices, des exercices… Jusqu’à tout automatiser. Finalement, pour moi, l’acquisition d’un ouvrage d’exercices de grammaire à faire en parallèle du cours (en plus !) est nécessaire afin d’acquérir les automatismes indispensables si vous voulez parler correctement assez rapidement. Bref, l’effort à fournir ne doit pas être négligé.

 

Dernière remarque, que je peux faire après quelques mois : on oublie très, très vite ! Je comprends toujours bien, mais j’ai déjà de nouveau du mal à faire des phrases  ;-( Dommage !

 

 

Conclusion

 

Cette expérience a été très enrichissante, et si vous n’avez pas appris de nouvelle langue depuis longtemps (mettons dix ans 😉 !), alors je vous conseille de vous y essayer. Vous serez plus compréhensif vis-à-vis des difficultés de vos apprenants !

 

 

 

Cette publication a un commentaire

  1. Jérôme Paul

    L’intercompréhension est effectivement un sujet très intéressant et malheureusement peu connu. Il n’y aurait pas de mal à commencer une réflexion sur le sujet et se demander par exemple ce que cela pourrait donner dans les collèges par exemple : enseigner uniquement la compréhension de certaines langues étrangères. Pour ceux qui aiment la polémique, j’en parle dans la 11e partie d’un article consacré à l’avenir de l’enseignement des langues étrangères (disponible en ebook, mais aussi en article sur LinkedIn : https://www.linkedin.com/pulse/lavenir-de-lenseignement-des-langues-%C3%A9trang%C3%A8res-1111-j%C3%A9r%C3%B4me-paul/

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