You are currently viewing Le français illustré sous toutes ses coutures

Le français illustré sous toutes ses coutures

  • Auteur/autrice de la publication :
  • Post category:Entretien
  • Commentaires de la publication :0 commentaire
Ces partages m'aident beaucoup. Merci !

Aujourd’hui, je vous propose une interview de Jérôme Paul, le créateur du français illustré.

N’hésitez pas à aller faire un tour sur son blog : https://lefrancaisillustre.com

 

 

Transcription de l’interview de Jérôme Paul, du français illustré

 

Marianne Viader (Culture FLE) : Bonjour Jérôme !

 

Jérôme PAUL (le français illustré) : Bonjour !

 

MV : Est-ce que tu peux nous présenter ton parcours ? Qui es-tu et qu’est-ce tu fais ?

 

JP : Eh bien je m’appelle Jérôme Paul, je suis prof de FLE aux Pays-Bas depuis plus de 25 ans et j’ai enseigné dans des écoles publiques néerlandaises, enfin j’enseigne toujours dans une école publique, dans un collège Montessori. Et depuis quelque temps, je suis aussi le créateur de la chaine YouTube « le français illustré ». Depuis très peu de temps, j’ai un blog sur le français illustré.

 

MV : D’accord. Et qu’est-ce qui t’a motivé à créer le français illustré ?

 

JP : Eh bien, dans mon école Montessori, je voulais proposer à mes élèves une autre façon d’aborder la lecture, d’aborder la compréhension écrite, et donc j’ai imaginé des illustrations qui permettaient de soutenir le texte, de soutenir des phrases surtout, d’aider à la compréhension des phrases. Très rapidement, j’ai imaginé un système, en deux temps, d’exercices à la compréhension écrite. Tout d’abord, il y avait une phase d’exposition. Pendant cette phase, l’élève avait la phrase française qui était illustrée, et il avait la traduction néerlandaise juste à côté. Il lisait cela, et ensuite on passait à une phase de compréhension proprement dite, c’est-à-dire de contrôle de la compréhension : l’élève avait les phrases françaises et au-dessus de toutes ces phrases, il y avait les illustrations. Tout se faisait sur ordinateur, sur document Word. Pour montrer que l’élève avait compris les phrases en français, il cliquait sur une illustration et il la plaçait au bon endroit derrière la phrase. En fait, on avait une traduction : français®illustration. Et puis, comme ça a bien marché à l’école, je me suis demandé ce que je pouvais en faire de plus. Au début, j’ai eu l’idée de faire une application pour téléphones portables, pour smartphones. J’ai même contacté une entreprise spécialisée dans ce domaine, mais c’était vraiment trop cher pour mon porte-monnaie de monter un tel projet. Donc j’ai laissé de côté. Et après, je me suis demandé : « Mais comment est-ce que je peux quand même utiliser ce système d’illustration pour aider la compréhension ? » J’ai eu l’idée de fabriquer une chaine YouTube. Cela fait maintenant déjà presque trois ans que j’ai une chaine YouTube, avec 140 vidéos à l’heure actuelle, et ça marche bien. Enfin, je trouve que ça marche bien.

 

MV : D’accord. Donc en fait l’idée de départ c’était la compréhension écrite ?

 

JP : Enfin, l’idée de départ c’était la compréhension écrite à l’école. Parce que j’avais vraiment le matériel de base, j’avais des ordinateurs, et c’était déjà très bien, j’utilisais le programme Word et voilà. Après, avec la chaine YouTube, là, c’est passé au niveau oral et écrit, c’est-à-dire que pour chaque vidéo, il y a, au début, c’étaient 5 phrases, maintenant c’est beaucoup plus, cela va de 8 à 12 phrases, parfois 6 phrases, qui sont lues et écrites, donc on peut s’exercer à la compréhension orale, et à la compréhension écrite aussi.

 

MV : Oui, donc les vidéos, cela fonctionne comment ? Est-ce que tu peux nous décrire ce qui se passe dans une vidéo du français illustré ?

 

JP : Alors une vidéo dure en gros une minute trente, deux minutes, en gros. Il y a de 5 à 12 phrases qui forment ensemble une petite histoire, ou en tout cas une unité thématique. Les phrases sont dites et écrites, et au milieu de l’écran, il y a un cartouche avec les illustrations. Ensuite, les phrases sont répétées, plus lentement, et pour chaque mot ou groupe de mot, il y a l’illustration qui apparait, pour ensuite reformer la phrase entière. Et puis voilà, c’est tout simple, donc c’est vraiment de l’exposition, de l’input, c’est vraiment du comprehensible input selon la théorie de Stephen Krashen, donc voilà, c’est surtout pour offrir le plus possible aux visiteurs de la chaine YouTube, aux apprenants du français, de l’input.

 

MV : Et je crois que, grâce au blog, maintenant, tu proposes aussi des exercices sur ces vidéos… Donc les exercices dont tu parlais, que tu faisais auparavant en classe, maintenant il est possible de les faire en ligne sur le blog ?

 

JP : Plus ou moins… Donc la chaine YouTube, je l’ai créée il y a trois ans, et j’ai créé un blog depuis le mois de juin dernier, donc depuis 2018, et sur ce blog, je place bien sûr mes vidéos, et je place aussi des exercices. Alors, cela peut être des exercices interactifs en ligne, des memory. Au lieu de retrouver deux images identiques, l’apprenant doit retrouver une image et son mot. Mais il y a aussi des exercices qui reprennent plus ou moins ce que je faisais à l’origine dans mon école : on doit replacer les mots sous les bonnes illustrations ou replacer les illustrations sous les bons mots.

 

MV : Et donc maintenant tu proposes quelque chose pour les professeurs ?

 

JP : Oui, j’ai sur mon blog une page spéciale profs. Avant de créer le blog, j’avais créé une fiche pédagogique qu’on pouvait utiliser avec des vidéos YouTube. Mais je propose aussi ce que j’appelle des fichiers bis, c’est-à-dire les présentations PowerPoint que j’ai utilisées à l’origine pour fabriquer mes vidéos. Les profs peuvent utiliser ces présentations pour exercer l’expression orale, et l’expression écrite aussi. Donc les profs peuvent aller voir sur le site, tout est en accès libre et gratuit.

 

MV : D’accord, oui, je mettrais le lien. Donc justement, un professeur trouve le principe intéressant. Qu’est-ce que tu lui proposes de faire ? Est-ce que tu as des activités à lui proposer ?

 

JP : Le plus simple, c’est d’utiliser les vidéos pour introduire un cours, pour introduire une thématique, ou pour le finir. Le prof peut aussi donner des vidéos à visionner à la maison, en devoirs, ça peut être de simples devoirs. Mais ça peut être aussi un système de classe inversée : il donne une ou deux ou trois vidéos à visionner à la maison et en cours, il fait plus d’exercices, il ne passe pas trop de temps à visionner, il fait des exercices d’expression ou de compréhension en classe. Un prof branché pourrait même utiliser le smartphone et l’application Whatsapp. Il crée un groupe Whatsapp avec sa classe et chaque jour, il diffuse, il poste sur le Whatsapp, sur le groupe, une vidéo du français illustré. Comme il y a déjà maintenant 140 vidéos, ça fait plus d’une demi-année presque quotidien, en tout cas de jours d’école, que les élèves peuvent regarder chez eux avec leur téléphone portable. Donc le plus simple, c’est simplement la diffusion pour offrir le plus d’exposition possible au français.

 

MV : Ça permet aux élèves de s’exposer au français chez eux, par le biais des vidéos

 

JP : Voilà, le problème du cours de français c’est qu’on est assez limité en temps et si on veut que les élèves soient plus en contact avec le français, les vidéos sont courtes, donc cela ne leur demande pas trop d’investissement en temps et ils peuvent utiliser leur téléphone portable ou leurs ordinateurs ou leurs tablettes pour regarder ça chez eux.

 

MV : OK, est-ce tu as encore d’autres pistes d’utilisation ?

 

JP : Oui, alors j’ai ce que j’appelle les fichiers bis. Alors les fichiers bis, ce sont les fichiers PowerPoint que j’ai utilisés pour fabriquer mes vidéos. Je n’utilise pas entièrement tout le fichier PowerPoint, mais j’utilise une première diapositive qui expose un cartouche avec les illustrations, et une deuxième diapositive qui expose ce même cartouche mais avec le texte. Et donc le professeur peut utiliser ce fichier PowerPoint, peut le diffuser sur son tableau blanc et en projetant seulement la première diapositive, il peut demander à ses élèves de formuler des phrases à l’oral ou à l’écrit. Évidemment, il est préférable d’avoir visionné au préalable, à la maison ou en classe, la vidéo correspondante. Et donc les profs peuvent trouver ça sur le blog page prof, fichier bis. Là, c’est pour faire travailler l’expression écrite et l’expression orale. J’ai aussi sur le blog une fiche pédagogique. C’est une fiche pédagogique basée sur 4 vidéos qui permet, pour un niveau A1, de traiter le thème « j’aime / je n’aime pas / je préfère / je déteste ». Ce qui est un peu particulier, ce qui est nouveau avec cette fiche pédagogique, c’est que je propose un jeu de cartes, enfin, deux jeux de cartes que les profs peuvent imprimer et découper pour leurs élèves. Sur le premier jeu de carte, il y a seulement les illustrations, et en utilisant ce jeu de cartes, les élèves peuvent montrer qu’ils ont compris une phrase à l’oral ou à l’écrit en plaçant les bonnes illustrations dans le bon ordre. Et le deuxième jeu de cartes, ce sont les illustrations et le texte, plus d’autres mots qui ne font pas partie des 4 vidéos mais qui peuvent être utilisés dans le cadre de dire ce que l’on aime ou ce que l’on n’aime pas. Et là, on offre la possibilité aux élèves de fabriquer de nouvelles phrases simplement en posant sur leur table les cartes dans le bon ordre.

 

MV : D’accord. Oui, donc, tout ça c’est vraiment intéressant. Ça leur permet aussi, les illustrations, j’imagine, de mieux retenir les mots quand ils sont associés à des images. Cela sollicite aussi la mémoire visuelle.

 

JP : Oui, et pour les élèves qui sont beaucoup plus visuels, cela les aide beaucoup. Et j’ai remarqué aussi dans mon école, j’ai certains élèves qui sont dyslexiques, et ils sont plus à l’aise avec cette façon d’apprendre qu’avec un livre et pratiquement que du texte.

 

MV : Oui et puis c’est vrai qu’avec ce PowerPoint, comme tu disais, c’est un peu l’inverse de la dictée dans laquelle les élèves doivent faire des dessins, là ce sont des dessins et les élèves doivent écrire le texte.

 

JP : Oui, c’est ça.

 

MV : Oui, c’était une astuce que j’avais reprise sur mon blog, mais que justement tu m’avais soufflée.

 

JP : Oui, oui.

 

MV : Est-ce tu as une sorte de lexique ? Puisque tu utilises des illustrations pour chaque mot, je pense que le professeur devrait savoir à quel mot correspond chaque illustration. Est-ce que tu as une sorte de lexique ?

 

JP : Ben, les illustrations sont … J’ai un lexique que j’utilise pour fabriquer mes vidéos, parce que dans chaque vidéo, je reprends en gros 80% de termes que j’ai déjà utilisés auparavant, et j’introduis de nouveaux mots, donc j’ai besoin de ce lexique, cet index français ®illustrations pour fabriquer mes vidéos, mais je n’ai pas d’index que j’ai mis en ligne. C’est peut-être une idée… Mais en principe les illustrations parlent d’elles-mêmes : si on a le mot pomme, eh bien c’est le dessin d’une pomme. Si c’est le verbe manger, eh bien, c’est le dessin de quelqu’un qui mange. Alors, il y a des illustrations qui sont peut-être un peu plus compliquées à comprendre, mais si, par exemple, on a le pronom je, on a le dessin d’un personnage qui pointe son index sur sa poitrine, pour dire c’est moi, donc je. Il y a d’autres illustrations qui sont un peu plus compliquées, comme par exemple comment illustrer le verbe avoir, ou le verbe être, c’est assez compliqué finalement, mais j’ai écrit des articles où j’explique ma démarche et donc ces articles sont disponibles sur le blog.

 

MV : D’accord, donc en fait c’est très facile d’utilisation même si on le prend en cours de route. Finalement, pour des élèves qui ne sont plus débutants, ils s’accommoderont vite des illustrations.

 

JP : Oui, oui. J’ai déjà fait des tests, avec mes vidéos, sur des enfants du primaire qui n’avaient jamais eu aucun contact avec le français, et je leur diffusais la vidéo et je leur demandais : Qu’est-ce que tu comprends en néerlandais ? Et ils me faisaient la traduction assez facilement du français, simplement en se basant sur les illustrations Donc ça marche. C’est pour ça que le slogan du français illustré, en tout cas sur le blog, c’est « un apprentissage simple et naturel du français ».

 

MV : D’accord. OK, c’est très intéressant. J’espère que nos auditeurs iront faire un tour sur ton blog. Est-ce que tu veux nous redonner l’adresse ?

 

JP : Donc l’adresse c’est https://lefrancaisillustre.com

 

MV : OK, d’accord ! Merci beaucoup

 

JP : De rien.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.