You are currently viewing La médiation : mais qu’est-ce que c’est ?

La médiation : mais qu’est-ce que c’est ?

Ces partages m'aident beaucoup. Merci !

Qu’est-ce que la médiation ?

 

Non, je ne vais pas vous parler de méditation dans cet article, mais bien de MÉDIATION !

 

Depuis la sortie du volume complémentaire du CECR (2018), il n’est plus question que de médiation à l’université allemande. Ayant travaillé également en école professionnelle, je me souviens cependant qu’on n’y avait pas attendu la sortie de ce document pour intituler une épreuve de l’examen « médiation ».

J’imagine que l’intégration de cette compétence dans les manuels de FLE généralistes (et éventuellement aux épreuves du DELF) va suivre, maintenant qu’elle est en quelque sorte « officialisée ». Cela dit, cela peut encore prendre un peu temps… Je souhaitais tout de même vous en parler dès à présent, afin que vous puissiez vous y préparer ! Il s’agit en effet désormais d’une compétence reconnue et mesurable par de tout nouveaux descripteurs. De quoi s’agit-il donc au juste ?

 

Définition de la compétence de médiation

 

D’après le volume complémentaire (que vous retrouverez en intégralité ici si vous souhaitez vous plonger dans sa lecture : https://rm.coe.int/cecr-volume-complementaire-avec-de-nouveaux-descripteurs/16807875d5) :

« Dans la médiation, l’utilisateur/apprenant agit comme un acteur social créant des passerelles et des outils pour construire et transmettre du sens soit dans la même langue, soit d’une langue à une autre (médiation interlangues). L’accent est mis sur le rôle de la langue dans des processus tels que créer l’espace et les conditions pour communiquer et/ou apprendre, collaborer pour construire un nouveau sens, encourager les autres à construire et à comprendre un nouveau sens et faire passer des informations nouvelles de façon adéquate. Le contexte peut être social, pédagogique, linguistique ou professionnel. »

 

De quoi s’agit-il au juste ?

 

Mais de quoi parle cette définition ? Eh bien, elle fait référence à de nombreuses activités différentes :

 

– des activités de type traduction :

– d’une langue à l’autre,

– mais aussi d’un discours (document oral) à un texte écrit et inversement,

– d’une image à un discours ou à un texte,

– d’un registre de langue à un autre,

– etc. (la liste n’est pas exhaustive)

Autrement dit, l’usage d’autres langues (éventuellement des langues maternelles des apprenants, même s’il est à noter que le terme de « langue maternelle » lui-même a disparu du document : on parle de langue A ou langue de départ et de langue B ou langue cible) passe de « à éviter de préférence » à « recommandé ».

 

– des activités de communication :

– gérer les interactions d’un groupe : veiller à la participation de chacun, etc.

– guider le travail en commun

– etc.

Si vous organisez de petits débats ou du travail en groupe, vos apprenants doivent déjà mobiliser leurs compétences dans ce domaine pour votre cours.

 

– des activités de conceptualisation :

– reformulation de concepts (paraphrase)

– explication

– simplification

– lien avec des informations déjà connues

– etc.

Bref, là aussi, il s’agit d’activités que vous proposez certainement déjà, en particulier au niveau de la compréhension écrite des niveaux plus élevés (à partir de B1, mais surtout en B2, C1 et C2).

 

Qu’est-ce qui est nouveau ?

 

Une prise de conscience

Peut-être allez-vous me dire, réhabilitation de la langue de départ (« langue maternelle ») et plurilinguisme encouragé mis à part : « Rien de nouveau sous le soleil… ». En effet, une grande partie du travail didactique consiste à formuler et décrire des apprentissages qui se font déjà de manière plus ou moins consciente. C’est pourquoi on peut avoir l’impression que cette description n’apporte rien d’extrêmement nouveau au cours de FLE.

Pourtant, ce travail de description a son utilité : il permet une prise de conscience de l’ensemble des compétences en jeu dans l’apprentissage d’une langue et une meilleure évaluation des acquis.

 

Une conception d’exercices orientée de manière intentionnelle vers la réalisation de cette compétence

Désormais, nous, profs de FLE, pouvons concevoir intentionnellement des activités qui mobilisent ces compétences et les évaluer de manière plus objective qu’auparavant, où elles se glissaient peut-être subrepticement dans nos exercices et nos épreuves. Si cela vous semble encore trop subjectif, n’oubliez pas qu’il s’agit d’évaluer la réalisation linguistique de la mise en oeuvre de cette compétence !

Nous devons désormais (si nous ne le faisions pas déjà) veiller à donner dans notre cours à nos apprenants les outils linguistiques qui leur permettront la mise en œuvre de ces compétences. Car gérer un débat nécessite de connaître les expressions qui permettront de couper quelqu’un, d’attribuer la parole, de veiller à la bonne compréhension de tous en reformulant etc.

 

Concrètement, que change-t-on ?

 

D’une part, comme déjà indiqué, certains tabous disparaissent : utiliser la langue maternelle des participants pour résumer un texte en français fait partie de cette compétence de médiation.

 

De « nouveaux » exercices (selon vos pratiques actuelles) peuvent également voir le jour :

– pourquoi pas une épreuve de prise de notes devant un cours vidéo ?

– ou bien demander à un apprenant de résumer oralement à un camarade un article spécialisé ?

 

Certaines compétences mobilisées dans des exercices déjà pratiqués, comme le débat, peuvent être mieux appréhendées et évaluées :

– de quelles expressions a-t-on besoin pour veiller à ce que chacun ait le même temps de parole ?

– comment faire avancer le débat vers une conclusion ?

– comment intervenir au bon moment ?

 

Bref, le volume compagnon du CECR, un document quelque peu austère et rébarbatif avec ses descripteurs organisés par niveau, il faut bien l’avouer, peut tout de même servir d’inspiration pour de nouvelles activités. J’espère que vous serez motivé.e.s pour les tester dans votre cours !

 

N’hésitez pas à parler de vos expériences (et éventuellement frustrations) au sujet de cette « nouvelle » compétence et de sa mise en œuvre dans votre cours de FLE en commentaire !

Cet article a 6 commentaires

  1. Debraize

    Bonjour,
    je viens de tomber sur votre article fort intéressant. Un doute me vient: je comprends qu’on intègre la médiation dans la pratique enseignante, dans les activités en classe…. mais je ne comprends pas pourquoi la médiation doit faire l’objet d’une évaluation puisque cela met en jeu des savoir-faire, voire des savoir-être extralinguistiques.
    De plus, inclure une épreuve de médiation aux examens signifie: faire plus d’évaluation. Et l’enseignement-apprentissage?
    Je me demande si on ne tombe pas dans la maladie de l’évalution. Je me retrouve personnellement à passer plus de temps à concevoir des épreuves qu’à préparer mes cours.
    Bonne journée
    Marie

    1. Marianne

      Bonjour,
      La médiation est désormais reconnue comme une compétence à part entière. Il est possible de l’évaluer, mais je ne pense pas que ce soit obligatoire, en tout cas en termes de notation. Cependant, il peut être utile d’évaluer les progrès des apprenant·es. En fait, l’évaluation n’est jamais obligatoire ! Elle devrait juste être un outil de l’apprentissage. A ce titre, l’évaluation des progrès est utile. Elle peut se faire sous une forme notée ou sous une autre forme, en fonction du cadre dans lequel on évolue. Peut-être serait-il possible d’évaluer plusieurs compétences lors d’une même tâche afin de ne pas allonger les examens ?

  2. David

    Merci pour l’article. J’inclurais dans la médiation ces 2 activités: 1) à partir d’une planche de B.D. raconter à un camarade ce qui s’y passe (avec ses propres mots) et 2) dans un débat je crois que c’est n’est qu’au porte-parole d’un groupe, après avoir discuté d’un sujet en groupes, de faire la médiation ou de transmettre aux autres groupes la position de son groupe (pour ou contre) par rapport au thème traité… (dans un débat je ne vois pas d’autres médiations à faire…) Ai-je raison ou je me trompe?

    1. Marianne

      Oui, David, les exemples que vous donnez relèvent de la médiation.
      Pour vous donner une idée des compétences de médiation mobilisées lors d’un débat, on peut imaginer un débat simulant un débat télévisé ou radiophonique, avec un « journaliste » (un/e apprenant/e jouant ce rôle) pour l’animer. Dans ce cas, celui/celle-ci devra parfois reformuler ce que des « expert/es » disent dans le but qu’ils soient bien compris du grand public s’il/elle veut bien jouer son rôle, et c’est également une forme de médiation. Poser des questions pour aider les intervenants à bien formuler leurs idées est également une tâche qui relève de la médiation. Gérer les interventions afin de faire avancer le débat de manière constructive s’y rattache également. La manière dont chaque intervenant gère sa participation fait encore partie des compétences en médiation. Et pour appuyer leurs arguments, les étudiant/es peuvent également s’appuyer sur des articles (éventuellement scientifiques) qu’ils leur faut alors résumer à leurs camarades. Il s’agit également d’une forme de médiation, d’autant que ces sources peuvent être dans d’autres langues, comme l’anglais ou la langue maternelle des apprenant/es. Bref, voici certains des nombreux aspects qui relèvent de cette compétence lors d’un débat. J’espère que cela vous donne un bon aperçu…

  3. Sebastien

    Merci pour l’article. De mon côté, j’inclus aussi la passation d’informations comme laisser une note à quelqu’un suite à un appel téléphonique, faire le compte-rendu d’une réunion etc…

    1. Marianne

      Oui, bien sûr ! Les listes d’exemples que je propose ne sont pas exhaustives, et prendre des notes pendant un appel téléphonique correspond à passer de l’oral à l’écrit, tout comme rédiger le compte-rendu d’une réunion. Tout à fait dans le cadre des activités de médiation, effectivement !

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.