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Vocabulaire : la structure des mots

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Te souviens-tu de tes cours de master Français Langue Étrangère ? Est-ce que toi aussi, tu as suivi un cours intitulé « didactique du lexique » ? Est-ce que tu te souviens de ce que tu y as appris ? C’était concret ? Et aujourd’hui, comment est-ce que tu t’y prends pour enrichir le vocabulaire de tes apprenant·es ? Leur demandes-tu de mémoriser des listes de mots ? Travailles-tu aussi la structure des mots ?

Faisons le point ensemble !

Mais au fait, qu’est-ce qu’un mot ?

Cela te paraît peut-être un peu bête comme question… Et pourtant, « pomme de terre » est-il un mot ? Nous l’apprenons (ou l’enseignons) comme un « mot » de vocabulaire, mais à proprement parler, on pourrait dire qu’il s’agit de trois mots différents. En fait, tout cela n’est pas très clair, c’est pourquoi les linguistes préfèrent parler de morphèmes. Si tu veux en savoir plus sur ce terme étrange, je t’invite à aller consulter la page Wikipédia sur le sujet, car cela nous emmènerait trop loin de la pratique et de notre sujet. Restons donc simples et continuons à parler de « pomme de terre » comme d’un mot 😉

En quoi consiste au juste « apprendre le vocabulaire » ?

S’agit-il simplement de donner à ses apprenant·es des listes de mots à mémoriser et de les tester ensuite ? Si ce n’était que cela, pas besoin d’un cours de « didactique du lexique » ou d’un article de blog pour en parler…

Et d’ailleurs, à y regarder de plus près, le lexique n’est pas une « liste » de mots. On pourrait mieux le décrire comme un ensemble structuré d’éléments suivant des règles. C’est sans doute pourquoi les cartes heuristiques (cartes mentales ou encore mindmaps : tu trouveras plus d’information à leur sujet ici : https://culture-fle.de/cartes-mentales-apprendre-le-vocabulaire/) sont si à la mode : elles représentent les relations sémantiques du lexique, facilitant son apprentissage. En principe, elles incluent également des éléments visuels (et créatifs), qui permettent de mieux retenir.

Bon, attention ! Je ne dis pas que les listes sont à bannir. Nous avons d’ailleurs été peut-être un peu trop vite en besogne de ce côté… En effet, le rejet total des listes de vocabulaire ne peut constituer une solution définitive puisque les recherches (et pas les dernières, celles-ci remontent déjà aux années 1870 avec Hermann Ebbinghaus et les courbes de l’oubli) montrent qu’il est important de répéter pour mémoriser. De ce fait, les listes de mots sont encore un bon outil pour s’assurer de révisions à intervalles précis (et non réguliers, conformément à ce que montrent ces fameuses courbes de l’oubli). Pour en savoir plus sur le sujet, je t’invite à consulter cet article : https://culture-fle.de/apprendre-le-vocabulaire-quizlet/

Cependant, il faudrait ajouter qu’apprendre à manipuler les éléments de cet ensemble (en maîtrisant les règles) rendrait a priori nos apprenant·es capables de construire leurs propres compétences lexicales. Dans cette perspective, l’acquisition du vocabulaire ne se limiterait plus à la mémorisation de mots, mais comprendrait également la manipulation de leur structure. En d’autres termes, nos apprenant·es seraient même mesure de produire des néologismes (compréhensibles d’après les règles classiques contraignant le lexique).

Pourquoi travailler la structure des mots ?

On peut en effet se demander si créer des néologismes est une compétence bien utile à un·e apprenant·e d’une langue étrangère. Mais travailler la structure des mots, ce n’est pas seulement de la poudre aux yeux et une compétence de création, même si l’aspect ludique et motivationnel n’est pas à négliger.

Maîtriser les règles pour savoir constituer de nouveaux mots, c’est aussi connaître les règles morphologiques qui différencient un verbe d’un substantif ou d’un adjectif. C’est être capable de reconstituer une famille de mots à partir d’un de ces membres…

Par exemple à partir de grand : la grandeur, grandir, agrandir…

C’est aussi comprendre que fourchette signifie « petite fourche » et pouvoir se souvenir que les substantifs formés avec le suffixe -ette sont féminins.

Très souvent, cela se fait plus ou moins tout seul et de manière plus ou moins intuitive, en particulier avec des apprenant·es qui parlent déjà plusieurs langues. Mais on peut travailler et approfondir cette compétence afin de donner des outils à ses apprenant·es pour aller plus loin à partir du vocabulaire vu en cours.

A quelles règles les éléments du lexique sont-ils soumis ?

Certains adjectifs sont formés à partir de suffixes. En exemple, on peut citer le suffixe -able, signifiant « qu’on peut », souvent ajouté à une forme verbale : mangeable, buvable (potable pour l’eau est une exception, « pot » n’étant pas une forme verbale), portable, etc.

Parfois, ce sont les verbes qui sont formés avec un suffixe ajouté à un adjectif, comme de très nombreux verbes du 2ème groupe : grandir, jaunir, verdir, rajeunir, vieillir, etc.

Connaître l’existence des suffixes permet aussi parfois de déduire le sens des mots et de déterminer le genre de certains substantifs. Voici quelques exemples.

  • Les substantifs se terminant avec le suffixe -age sont masculins. Ce suffixe indique l’action (jardiner : jardinage, bricoler : bricolage) ou l’emploi (garer : garage).
  • Les substantifs utilisant le suffixe -tion (aussi -sion ou -ssion) sont féminins. Ce suffixe indique également l’action (inonder : inondation, promouvoir : promotion, expulser : expulsion, discuter : discussion).
  • Le suffixe -ier peut indiquer un nom de métier, un contenant ou un arbre. C’est une forme masculine (charcutier, sucrier, cerisier).

De même, certains préfixes permettent de changer le sens des verbes, comme re- (et ses variantes) pour faire à nouveau l’action, ou dé- pour une action contraire, comme rentrer ou démonter pour citer les plus connus. Il y a bien sûr aussi le préfixe in/im pour indiquer le contraire : patient / impatient.

Comment travailler la structure des mots ?

Clairement, tout cela ne peut être abordé immédiatement avec des apprenant·es débutant·es. Il faut déjà disposer d’un vocabulaire « de base » avant de penser à l’enrichir par ces techniques.

Les stratégies d’identification

Pour sensibiliser à la morphologie des différentes natures de mots, on peut demander de les chercher explicitement dans un texte, puis discuter ensemble des stratégies qui ont permis de les identifier, du contexte à la morphologie. Cela permet de rendre conscientes des stratégies parfois intuitives. Par exemple : quels sont les suffixes ou terminaisons courants pour les adjectifs ?

Le verlan

Passer par le verlan peut être une bonne approche pour jouer avec la structure des mots, sensibiliser au fait qu’elle n’est pas figée. La langue évolue et de nouveaux mots émergent des usages.

Le fictionnaire

Le magazine Néon avait autrefois une rubrique intitulée « le fictionnaire ». Comme tu l’auras reconnu, il s’agit d’un néologisme, fusion de « fiction » et « dictionnaire », soit un dictionnaire de mots fictifs. Malheureusement, je n’ai pas d’exemple de cette rubrique à te présenter. Je pense que le principe est néanmoins clair : il s’agissait de créer des mots en utilisant la fusion.

On peut utiliser le principe de plusieurs manières :

  • en demandant aux apprenant·es de proposer une définition à des mots inventés de cette manière ;
  • en proposant aux apprenant·es de créer leurs mots selon ce principe et d’expliquer leur signification ;
  • en combinant les deux et en demandant à d’autres apprenant·es de deviner le sens de mots inventés par leurs camarades (qui doivent confirmer, ou pas).

Tu pourras trouver dans cet ouvrage des exemples pour t’inspirer, toi et ta classe : http://www.editions-glyphe.com/livre/mon-fictionnaire-mon-dictionnaire-de-mots-fictifs-pour-rire-et-pour-reflechir/

Et surtout, n’oublie pas : soyez créatifs !

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