Le français, une langue francophone à enseigner

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Le français, une langue francophone à enseigner

Conférence de Geneviève Geron

 

 

Aujourd’hui, je vous propose un résumé de la deuxième conférence de la Rencontre FLE de Barcelone des 23 et 24 novembre 2018. Vous trouverez comme d’habitude le ficher Powerpoint et l’enregistrement de la conférence sur l’espace virtuel des EMDL : https://espacevirtuel.emdl.fr

Vous trouverez ici la première conférence : conférence sur l’approche cognitive.

Et là la troisième : conférence sur la culture dans l’approche actionnelle.

 

Enseigner le français comme langue francophone peut être perçu comme un pléonasme, cependant la francophonie est un sujet qui revient régulièrement au cœur de l’actualité. Dernièrement, on peut citer le discours d’Emmanuel Macron à l’Académie Française, ou le 17èmesommet de la francophonie qui a eu lieu en octobre 2018.

 

Pourtant ce thème fait rarement l’objet d’un débat en cours de FLE : il constitue rarement une préoccupation consciente des professeurs de français ou des jeunes qui choisissent de l’étudier. Les manuels ont certes modernisé leurs contenus du point de vue des types de médias utilisés (vidéo), des jeux proposés… ils présentent même désormais des stratégies d’apprentissage, mais qu’en est-il de la langue elle-même et de la représentation qu’on en a ?

 

Voici le plan de la conférence :

  1. Une langue francophone
  2. Une langue francophone à enseigner
  3. Comment ?
  4. Conclusions

 

Une langue francophone

 

On parle de LA langue française, une unité centrée sur la France et même sur Paris, alors qu’en réalité, elle est diverse.

Pourquoi une personne apprend-elle ou n’apprend-elle pas le français aujourd’hui ?

Est-ce toujours un choix de cœur plutôt qu’un choix de raison ?

Est-ce que les représentations ont changé dans le contexte actuel de mondialisation ?

 

Pourquoi apprend-on le français ?

 

Les stéréotypes n’ont pas beaucoup évolué :

  • une belle langue
  • la langue de Paris et de la mode
  • la langue de la gastronomie
  • une langue à l’image assez élitiste
  • répandue par le colonialisme

 

Certaines représentations peuvent être un frein à l’apprentissage, comme celle liée au colonialisme.

Les motivations pour apprendre l’anglais sont de nature économique : la langue est nécessaire sur un plan professionnel. Celles pour apprendre le français sont de nature plus culturelle et esthétique :

« Apprendre le français, c’est prendre part au prestige de la culture française, et par là, acquérir une reconnaissance sociale positive. »

 

Les représentations du français

 

Dans la plupart des manuels, on présente la France d’un côté, la francophonie de l’autre : il s’agit d’une dichotomie marquée. Pourtant, nous sommes 300 millions de francophones.

On note cependant une évolution des discours sur la langue francophone.

Autrefois, on faisait la chasse aux régionalismes.

 

Chasse aux belgicismes : il s’agit de faire la chasse aux belgicismes, marques d’un idiome régional. C’est le français des dictionnaires qui est valorisé.

En 2016, Bernard Cerquiglini écrit Enrichissez-vous, parlez francophone !Selon l’auteur, la langue s’enrichit des couleurs des pays qui la parlent.

En 2017, discours d’Emmanuel Macron au Sénégal : « Il y a bien longtemps que la langue française n’est plus uniquement française. »

En 2018, discours d’Emmanuel Macron à l’Académie française : « C’est cela la francophonie, ce continent humain qui admet comme constitution une grammaire partagée, comme article de loi une syntaxe, comme code civil un vocabulaire. »

 

Dans le dictionnaire universel francophone, les différentes acceptations d’un mot selon les régions sont détaillées.

 

Une langue francophone à enseigner

 

Pourquoi la francophonie est-elle importante ?

 

Pour donner sens à mon enseignement

Dans des régions francophones qui ne sont pas la France, au Canada ou en Belgique, au Maroc, il faut trouver des documents authentiques qui concernent les apprenants sur place.

Un exemple de manuel utilisé au Québec :

  • Sources : des séries canadiennes, des défilés sur place
  • Le miroir est inversé : De l’autre côté de l’Atlantique aborde le français de France

 

Pour favoriser une meilleure intégration de l’apprenant

S’ils doivent s’intégrer, les apprenants ont besoin d’avoir le vocabulaire important sur place.

Les personnes qui ont lu cet article ont lu également :  Préparer un cours particulier : les étapes indispensables

Si j’invite quelqu’un à dîner au Canada ou en Belgique, et qu’il arrive le soir, il sera trop tard…

 

Pour sortir du manuel ou de la classe

C’est préparer l’apprenant à voyager, à sortir du manuel pour arriver à Paris ou en Afrique. C’est les préparer à gérer la diversité du français.

Geneviève Geron nous raconte l’anecdote d’un étudiant japonais, boursier, qui était venu la voir, désemparé : pourquoi ne parle-t-on pas en Belgique comme dans le manuel ?

Je pourrais également illustrer ce phénomène à partir de l’allemand : à l’école, on apprend à saluer en disant « Guten Tag », mais à Berlin, même la caissière du supermarché vous dit « Hallo ! » et en Bavière, tout le monde vous dira « Grüß Gott ». L’emploi de « Guten Tag » n’est pas répandu dans ces deux régions.

 

Pour changer les représentations et développer la motivation

Exemple de la Silésie : les classes de français y ont été ré-intitulées classes francophones à l’initiative d’une professeure engagée pour remotiver les apprenants

 

Pour redessiner un autre visage des normes du français et prendre de la distance

On parle beaucoup de normes en français, ce qui paralyse les apprenants. Enrichir la langue de variétés différentes permet d’assouplir cette vision.

 

Pour devenir passeur de culture et construire des attitudes citoyennes

Cela permet aux apprenants de se confronter à l’altérité culturelle mais aussi linguistique. Cela leur permet de ne pas hiérarchiser et de devenir passeurs de culture à leur tour.

 

Comment ?

 

Geneviève Geron présente son analyse de 3 manuels pour adultes et de 5 manuels pour adolescents en ne prenant en compte que le premier livre, celui du niveau A1

 

La couverture des manuels

Premier constat : ils ont évolué et montrent moins la tour Eiffel

Tous font en 4èmede couverture une référence à la francophonie

 

Le tableau des contenus

1/3 des manuels pour ados et tous les manuels pour adultes incluent la francophonie.

Intitulés : Civilisation, socioculturel et cultures, sociétés

 

Dans le manuel

La leçon 0

Bilan mitigé, plus clair dans les livres pour les ados.

Place des cultures francophones

Pour les manuels pour enfants, il n’y a souvent pas de contexte du tout. Une langue hors-sol est enseignée. Dans les manuels pour ados non plus. On apprend une langue décontextualisée.

Travail du lexique

Pourquoi une expression est-elle qualifiée d’exotique ? Quelle est la référence ?

Des efforts sont faits.

Différents pays francophones

Place des pays : Belgique, Suisse, Québec

Mais de plus en plus les pays africains

Pour les ados, très peu de référence à l’Afrique ou au Québec

 

Conclusions

 

Le public est mobile et veut rentabiliser son apprentissage.

Toute langue vivante évolue et change. Sensibiliser à la variété permet de mieux accepter les évolutions.

 

Souvent, il y a un cloisonnage entre les linguistes et les didacticiens qui peut expliquer le retard observé dans les manuels d’enseignement. Or, il est très important de prendre en compte la situation d’enseignement et d’adapter en fonction (même en pays non francophone).

 

Une image plus francophone permettra de rendre une image de vitalité et de modernité à la langue.

 

Pour des informations plus détaillées, vous pouvez vous reporter à l’article de Geneviève Geron qui porte le même titre que la conférence : Le français, une langue francophone à enseigner, publié dans la revue « Le langage et l’homme« , numéro 2018-1 Le FLE/S, côté pile côté face : quand théorie et pratique se rencontrent.

 

 

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